La capitale de la Croatie a ouvert un nouveau chapitre de son histoire en élisant Tomislav Tomasevic au poste de maire le 30 mai dernier. Avec près de 200 000 votes, Tomasevic devient le maire ayant obtenu le nombre le plus important de voix dans l’histoire démocratique de Zagreb. En récoltant 65.25% des votes, Tomasevic devance par une grande majorité son adversaire de l’extrême droite, Miroslav Skoro.
À 39 ans, le nouveau maire est un écologiste, activiste, député croate et chef du mouvement Mozemo ! (We Can !). Sa plateforme promet une capitale « plus verte, plus juste, plus efficace ainsi que plus transparente.» Le maire précédent, Milan Bandic, en était à son septième mandat lorsqu’il décède d’une crise cardiaque en février 2021. Ainsi, Tomasevic et Skoro, les deux candidats à la mairie de Zagreb, promettaient tout deux de mettre fin à vingt ans de corruption et d’incompétence bureaucratique.

Depuis son élection en 2000, Bandic a gouverné Zagreb presque sans interruption jusqu’à sa mort, excepté pour quelques courtes interruptions, en raison de scandales de corruption. Effectivement, il a été impliqué dans de nombreux scandales impliquant son utilisation des fonds de la mairie de Zagreb pour des biens personnels, notamment pour des résidences personnelles.1
Une tâche difficile attend Tomasevic
Lors des années où Bandic est au pouvoir, la ville de Zagreb voit un changement drastique quant à sa silhouette, notamment dû à l’abandon de plans d’aménagement urbain par l’administration municipale. En effet, le centre-ville voit une sur-construction de gratte-ciels, qui ronge les espaces verts. Les banlieues sont lourdement affectées par des lotissements de luxe construits sans permis, incluant la résidence personnelle de Bandic. Ces nouvelles constructions entravent l’accès aux espaces verts de Zagreb, qui ont diminué drastiquement dans les dernières deux décennies. De manière générale, l’administration de Bandic favorise les projets de luxe par rapport aux développements sociaux ainsi qu’aux services, rendant la vie difficile pour les zagrébois de classe populaire.
Une tâche importante pour Tomasevic et son équipe sera de remédier aux problèmes causés par le tremblement de terre de mars 2020, qui a endommagé plusieurs secteurs, notamment le centre-ville historique de Zagreb. Par ailleurs, Bandic laisse a son successeur non seulement un portefeuille endetté, mais également des problèmes d’infrastructures vieillissantes, de pénuries d’écoles et de garderies, ainsi que d’importants embouteillages.
Vote pour un changement
Les zagrébois ont indiqué leur volonté de changement lors de cette élection. Ainsi, Tomasevic s’engage à reconfigurer la ville, passant des infrastructures aux finances. Lors de son discours de victoire, il déclare à ses partisans :
“Pendant toute ma vie, je me suis battu pour cette ville. Je me bats pour les intérêts de la ville contre les contrats néfastes, contre les mauvaises décisions de ceux qui ont capturé la ville. Qui ont systématiquement négligé la ville, et qui l’ont utilisée comme leur propre guichet automatique.”
Tomislav Tomasevic, lors de son discours de victoire

Tomasevic compte installer des panneaux solaire sur les toits de la ville pour rentabiliser l’énergie et introduire le principe d’économie circulaire à Zagreb. Il s’engage à offrir du support aux résidences zagréboises afin d’installer des systèmes d’énergie solaire sur au moins la moitié des logements de la ville d’ici 2030.2 De plus, le nouveau maire encourage la participation citoyenne pour une reconstruction durable de la ville. Son programme électoral a été écrit par deux cent personnes, et environ 10 mille citoyens ont contribué à la création d’une vision unique pour chaque district de Zagreb.
Cette élection marque un nouveau chapitre pour la politique municipale de Zagreb qui prend un virage écologiste, et montre un changement drastique avec les dernières décennies. En effet, pour illustrer ce changement, lors des élections municipales de 2017, Tomasevic a également été candidat, mais n’avait obtenu que 4% des votes.
Sources