Les dirigeants des mouvements verts d’Afrique réunis virtuellement lors de la Conférence mondiale des Verts organisée le 5 février dernier, ont évoqué les difficultés rencontrées par les partis verts face à la forte prédominance de régimes « autoritaires » dans la plupart des pays africains.
Au cours de cette session intitulée « Les Verts se battent pour la démocratie en Afrique », les panélistes ont exploré les multiples défis liés au fonctionnement et à l’existence des partis verts sur le continent.
Le constat est que les partis verts à travers l’Afrique ont du mal à émerger en raison de lois antidémocratiques strictes et de régimes dictatoriaux et autocratiques dans divers pays africains. Plusieurs lois ont été mises en place qui restreignent la liberté d’expression, la liberté de réunion politique et la liberté de rassemblement.
Beaucoup pensent que les prises de pouvoir militaires ce derniers temps dans certains pays africains ne rassurent pas sur un avenir radieux pour le mouvement vert en Afrique.
On se souviendra du régime militaire de Sani Abacha au Nigeria qui, le 10 novembre 1995, fit pendre le fondateur du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (Mosop) en raison de son retentissant plaidoyer contre Shell. Son mouvement a été réprimé pour son action contre la grave pollution de la région du delta du fleuve Niger par les industries pétrolières.
Partis verts en Afrique : des défis à relever pour la démocratie
L’écologie politique reste mal comprise par la plupart des gouvernements en Afrique qui rivalisent avec les partis verts pour montrer qu’eux-mêmes sont plus verts et que les partis verts ne sont pas nécessaires. C’est l’une des raisons qui a poussé les participants de ce panel à réfléchir sur la lutte des partis verts pour la démocratie en Afrique.
Parmi les intervenants, il y avait le Dr Frank Habineza, Président fondateur du Parti Démocratique Vert du Rwanda qui a d’abord fait un état des lieux de la situation de son parti au Rwanda avant d’expliquer comment son parti avait du mal à s’enregistrer et à fonctionner pleinement comme parti politique. Frank Habineza s’est vu mettre des bâtons dans les roues par le pouvoir à Kigali avant de réussir à obtenir une représentation dans les parlements. Le Parti démocratique vert (DGP) au Rwanda a deux députés à l’Assemblée nationale et un sénateur. Frank Habineza a également évoqué l’horrible assassinat du vice-président de son parti, André Rwisereka, décapité dans un fossé en juillet 2010. Tous ces éléments prouvent à suffisance le long combat que mène le parti vert rwandais pour la démocratie dans son pays.
Pour sa part, l’Ougandais Robinah K. Nanyunja, premier vice-président de la Fédération des Verts d’Afrique a indiqué que le manque de soutien financier et le manque d’augmentation des adhésions seraient parmi les facteurs qui justifient la faible représentativité des partis verts sur le scène politique en Afrique. Elle a également évoqué certaines difficultés rencontrées par le mouvement écologiste dans son pays. La cohabitation pacifique entre le gouvernement et les partis écologistes s’avère difficile car les dirigeants estiment que le ministère de l’Environnement s’occupe déjà de l’assainissement de l’environnement d’où, selon le gouvernement, les partis écologistes n’ont aucune raison d’être dans le pays.
La multiplication des coups d’Etat et la corruption font reculer la démocratie
Le président du Parti vert égyptien et 2ème vice-président de la Fédération verte africaine, M. Mohamed Awad, a de son côté fait un tour d’horizon de certaines situations qui ont contribué au déclin de la démocratie en Afrique. Il a cité, entre autres, la corruption et la multiplication des coups d’Etat sur le continent.
Prenant la parole enfin, Jean Claude Ntezimana, Député du Parti Démocratique Vert du Rwanda est également revenu sur les différentes difficultés que son parti a connues pour s’implanter dans le pays. Il a rappelé que le Parti vert du Rwanda a présenté un projet de loi au parlement proposant la participation de représentants des partis politiques d’opposition à la commission électorale du pays. Et il a rappelé que depuis leur élection au parlement, ils ont contribué à la liberté d’expression dans le pays même s’il reste encore beaucoup à faire.
Après la présentation faite par chaque panéliste, la modératrice de la session Mme Dorothée Nalubega qui est la coordinatrice des femmes de la Fédération des Verts d’Afrique de l’Est a donné la parole à l’audience virtuelle. Plusieurs ajouts importants ont été apportés au cours de cette séance de questions-réponses qui ont contribué à la compréhension approfondie du sujet abordé dans cette conférence.
Les conférenciers ont proposé quelques solutions pour renforcer l’avenir des partis verts en Afrique, notamment la nécessité de financer les partis verts et la participation active des jeunes et des femmes à la cause des verts. Tous se sont dits déterminés à poursuivre le combat pour une démocratie verte en afrique.