Des animaux morts desséchés par la faim et la soif jonchent le sol près de Godé, un village où la survie et l’économie des habitants tournent autour de l’élevage. Depuis plus d’un an, il n’y a pas eu une goutte de pluie dans cette région.
“Que Dieu nous aide, qu’il nous envoie la pluie”, lance un habitant désespéré qui a perdu tout son troupeau. La sécheresse frappe fort. Les puits d’eau se sont asséchés et des millions de têtes de bétail sont mortes, entraînant des déplacements massifs de population. Les animaux qui ne sont pas encore morts sont si maigres qu’ils ne peuvent pas être vendus.

Les enfants sont les premières victimes de cette famine. Certains en état de malnutrition sont auscultés dans un centre de distribution alimentaire. Les mères reçoivent des compléments alimentaires pour leur permettre de nourrir leurs enfants.
“On rencontre certaines mères qui, parce qu’elles ne mangent pas assez, ne produisent pas assez de lait pour leurs enfants”, souligne un pédiatre interrogé par le média franceinfo.
L’UNICEF a appelé à une réponse humanitaire immédiate et renforcée pour sauver la vie de millions d’enfants, soulignant que « près de 10 millions de personnes, dont 4,4 millions d’enfants, ont un besoin urgent d’aide humanitaire dans les zones touchées par la sécheresse en Éthiopie ».
D’ici la fin de l’année, plus de 600.000 enfants devront être soignés pour malnutrition aiguë sévère dans les quatre régions touchées par la sécheresse, estime l’agence onusienne, qui souligne que les taux de malnutrition augmentent à un “degré alarmant dû à la sécheresse”.

En mai dernier, le nombre d’admissions pour malnutrition aiguë sévère chez les enfants de moins de cinq ans a augmenté de plus de 40% par rapport à la même période en mai 2021 dans la région Somali.
Le bureau de gestion des risques de catastrophe basé dans la région somalienne a déclaré que d’importantes pertes de récoltes avaient été signalées dans les régions de Fafan et de Sitti. Des pertes allant jusqu’à 70 % de la récolte prévue de sorgho et de maïs, 30 % de la récolte prévue de blé ainsi que 30 % de la récolte prévue d’oignons et de tomates sont signalées dans cette partie de la région somalienne.
Près de 4,4 millions de personnes sont actuellement confrontées à de graves pénuries d’eau dans les basses terres du sud et de l’est des régions d’Oromia et de Somali, qui sont considérées comme les plus touchées.
À Oromia, les autorités locales signalent une moyenne de 70 % de perte de récolte.
« L’impact de la sécheresse est dévastateur. Les enfants et leurs familles luttent pour survivre en raison de la perte de leurs moyens de subsistance et de leur bétail », a déclaré le Représentant de l’UNICEF en Éthiopie, M. Gianfranco Rotigliano.

Avril est considéré comme l’un des mois les plus humides de l’année en Éthiopie, il n’a pratiquement pas plu une goutte d’eau. La sécheresse a entraîné un effondrement de la société et endommagé l’organisation sociale des communautés.
Puisqu’il faut sauver les animaux, indispensables à la survie, les familles se séparent en abandonnant leurs villages. Même les enfants malades sont souvent négligés.
La situation empire chaque jour. L’Éthiopie, qui importe 67 % de son blé de Russie et d’Ukraine, est au bord d’une crise humanitaire. Parce que la guerre en Ukraine va encore amplifier l’insécurité alimentaire avec la hausse des prix du carburant et la réduction des importations de blé.