La rumeur courait depuis plusieurs jours. Pourtant, elle semblait presque trop grosse pour être vraie. Un PDG de compagnie pétrolière à la tête d'une conférence sur le climat ? Et pourtant, c'est le choix qui a été fait.
Les Émirats arabes unis, où se tiendra la COP28 en novembre et décembre, ont annoncé le 12 janvier 2023 la nomination de Sultan Al Jaber à la présidence de la conférence sur le climat. Ministre de l'Industrie, fondateur d'un groupe d'investissement dans les énergies renouvelables et surtout PDG d'une compagnie pétrolière.

Les Émirats arabes unis désignent le chef d'une compagnie pétrolière pour diriger les négociations des Nations unies sur le climat (COP28)

C'est la première fois que le président d'un groupe pétrolier - et plus largement d'une entreprise - exerce cette responsabilité de chef d'orchestre des négociations climatiques, celui qui doit permettre aux 196 pays de trouver des compromis pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Une double casquette qui pose question, alors que le changement climatique est principalement causé par la combustion d'énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz.

Cette nomination a suscité de vives critiques de la part des défenseurs de l'environnement.

"La nomination du sultan Ahmed al-Jaber comme président de la COP28, alors qu'il occupe le poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi, constitue un scandaleux conflit d'intérêts", a réagi la Commission européenne. Harjeet Singhde l'organisation Climate Action Network International.

GLASGOW, ECOSSE - 12 NOVEMBRE : Des manifestants se déplacent dans la zone bleue du sommet climatique COP26, le 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse. Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent pour discuter du changement climatique lors du sommet COP26, de nombreux groupes d'action pour le climat sont descendus dans la rue pour protester contre les progrès réels réalisés par les gouvernements en matière de réduction des émissions de carbone, de nettoyage des océans, de réduction de l'utilisation des combustibles fossiles et d'autres questions liées au réchauffement de la planète. (Photo par Jeff J Mitchell/Getty Images)

"La menace constante des lobbyistes des combustibles fossiles lors des négociations des Nations unies sur le climat a toujours affaibli les résultats de la conférence sur le climat, mais cette situation atteint un niveau dangereux et sans précédent", a-t-il ajouté.

En tant que président de la COP, il sera donc chargé de mener à bien les négociations internationales sur le climat. Un rôle majeur de chef d'orchestre, à la fois politique et technique. "Le rôle d'un président de COP n'est pas de faire prévaloir ses propres idées, c'est d'aider à trouver une solution", expliquait-il en 2015. Laurent Fabius, qui a présidé la COP21 à Paris.

"Le choix du PDG de la société pétrolière d'Abou Dhabi en tant que responsable du climat paraîtra curieux à beaucoup", a récemment déclaré Ed King, un expert de la diplomatie climatique. "Al Jaber plaide officiellement en faveur d'une augmentation des investissements annuels dans les combustibles fossiles de $600 milliards de dollars américains jusqu'en 2030", rappelle-t-il.

"Nous devons avancer avec pragmatisme", a déclaré Sultan Al Jaber en 2021, lors de l'Adipec, le plus grand rassemblement annuel de professionnels de l'industrie énergétique au monde.

Un pays loin d'être un bon élève en matière de protection du climat

Les Émirats arabes unis figurent parmi les cinq plus gros émetteurs de CO2 par habitant de la planète, juste après le Qatar voisin. Si ce petit État tente de se défaire de son image de gigantesque pollueur en affirmant par exemple viser la neutralité carbone d'ici 2050, il dépend encore largement de la production de pétrole et de gaz.

"Les énergies renouvelables se développent rapidement. Mais le gaz et le pétrole restent les principales sources d'énergie et le resteront pendant des décennies. Le futur arrive, mais il n'est pas encore là. Nous devons progresser, avec pragmatisme. On ne peut pas débrancher le système d'aujourd'hui", a déclaré M. Al Jaber lors de l'ouverture de la conférence pétrolière annuelle Apidec en 2021.

Sultan Al Jaber a beau croire aux énergies renouvelables, il ne doit pas oublier d'où il vient. Celui qui aura 50 ans à l'ouverture de la Cop a étudié la chimie, le commerce et l'économie dans des écoles prestigieuses aux Etats-Unis et en Angleterre grâce à une bourse d'études octroyée par Adnoc.

Billy Omeonga

Billy Omeonga est diplômé en journalisme et en création littéraire. Je suis titulaire d'une licence en administration des affaires. Je poursuis actuellement un MBA à l'Université du Peuple aux États-Unis d'Amérique. J'aime les activités qui font appel aux idées et à la pensée critique. Je suis passionnée par la nature et la protection de l'environnement. Je crois en la protection de notre planète et de ses ressources naturelles. Je déteste les personnes malhonnêtes et pessimistes. L'honnêteté fait partie intégrante de ma vision du monde et c'est une valeur à laquelle je crois fermement. Je parle couramment le français et l'anglais. Pendant mon temps libre, j'aime lire et jouer du piano. Je désapprouve également le manque de fiabilité. Je suis une personne fiable, et j'attends donc un certain niveau de fiabilité de la part de mes interlocuteurs.

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