La nouvelle des attaques et du harcèlement des populations autochtones et de leurs biens par des pêcheurs commerciaux mécontents dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse a attiré l'attention du pays au cours des dernières semaines. Selon le chef du parti vert de la Nouvelle-Écosse, le Dr Thomas Trappenberg, c'est l'échec d'un gouvernement négligent depuis des décennies qui est à blâmer.

Contexte

La controverse a commencé lorsqu'un petit groupe de pêcheurs de la nation Sipekne'katik, qui fait partie du peuple Mi'kmaq, a posé des centaines de casiers à homards dans la baie de Fundy au début du mois. Cette action a attiré l'attention des pêcheurs commerciaux locaux, non autochtones, car elle a été réalisée bien avant le début de la saison légale de pêche au homard.

La baie de Fundy est considérée comme la zone la plus riche pour la pêche au homard au Canada, les pêcheurs commerciaux ayant capturé une valeur d'environ $493 millions en 2016, selon CBC. Cependant, cette pêche, bien qu'elle ait été pratiquée en dehors de la saison légale, était un exercice des droits de la nation Sipekne'katik en vertu du traité.

Cette situation a donné lieu à d'âpres protestations et à des affrontements au cours des dernières semaines entre les pêcheurs autochtones et non autochtones. Ces manifestations ont été le théâtre de divers actes de violence et de vandalisme, notamment le sabotage de casiers à homards autochtones et l'incendie de la camionnette d'un Sipekne'katik.

Le véhicule a été incendié dans la nuit du mardi 13 octobre, à la suite d'une confrontation entre des pêcheurs autochtones et des pêcheurs commerciaux. PHOTO- Conseil international de la jeunesse autochtone- Instagram

Réponse du Parti vert de Nouvelle-Écosse

Après les premiers actes de violence et de vandalisme, le parti des Verts a été le premier parti politique à publier un communiqué de presse condamnant l'activité criminelle qui s'était produite. 

Thomas Trappenberg, chef du parti vert de Nouvelle-Écosse, a insisté sur la nécessité pour le gouvernement du Canada de prendre des mesures contre les manifestants violents et d'entamer un dialogue avec la tribu Sipekne'katik. Le Dr Trappenberg a fait part aux médias de la nécessité pour la GRC locale d'intervenir et de ne pas laisser les civils se faire justice eux-mêmes. Lors d'une interview avec Rick Howe, une personnalité de la radio, le Dr Trappenberg a posé la question suivante : "Que faisaient les policiers lorsque des pyromanes et une foule violente ont détruit une propriété privée et mis en danger la vie d'un homme ? Nous savons qu'ils étaient présents, mais aucune charge n'a été retenue".

Répondre à la crise de la pêche durable

J'ai été ravie d'être invitée aujourd'hui à l'émission de Rick Howe pour répondre à quelques questions sur la crise actuelle dans la région de Digby entre les Mi'kmaq et certains pêcheurs commerciaux, ainsi que sur l'État de droit. Rick et moi sommes d'accord sur un certain nombre de points, notamment sur les responsabilités. Écoutez l'émission.

Publié par Thomas Trappenberg - Chef du parti vert de Nouvelle-Écosse le vendredi 16 octobre 2020

Lors d'un entretien avec Global Green News, M. Trappenberg a fait part de ses réflexions sur la nécessité de clarifier les traités accordant aux peuples autochtones le droit de pêcher, ainsi que de mieux comprendre où devraient se situer les préoccupations en matière de durabilité.

Le droit à un mode de vie durable

Une partie de la controverse qui entoure ce différend est liée au fait que, depuis la signature du traité de 1752, suivie de la décision Marshall de 1999, les Mi'kmaq des Maritimes canadiennes ont le droit de chasser et de pêcher pour ce que l'on appelle "vivre de façon modérée et durable", un droit qui peut être exercé à n'importe quel moment de l'année. Cependant, ce n'est que récemment que les Sipekne'katik ont exercé ce droit, en s'aventurant à pêcher le homard avant le début de la saison commerciale. Le chef Sipekne'katik, Mike Sack, a déclaré à CBC News : "C'est une question d'économie... nos gens n'ont que ces petits bateaux de 20 pieds. Les bateaux commerciaux valent des millions de dollars... (nous) ne pouvons pas rivaliser". 

Le traité n'a pas non plus grand-chose à offrir pour déterminer ce que l'on entend par "moyens de subsistance modérés et durables". M. Trappenberg déclare que "pendant 21 ans, il n'a pas été précisé ce que signifiait l'expression "moyens de subsistance modérés"". Depuis la décision Marshall de 1999, les Mi'kmaq ont demandé en vain au ministère canadien des pêches (MPO) ce qu'il entendait par là. M. Trappenberg ajoute : "Les Mi'kmaq ont été très patients en ne l'appliquant pas et en demandant sans cesse comment elle devait être appliquée et ce que le MPO (ministère de la pêche) attendait... Ce conflit a été purement provoqué par ce gouvernement, par le MPO". M. Trappenberg, qui a étudié cette question avec des anciens autochtones, maintient que le parti vert de Nouvelle-Écosse est convaincu que le gouvernement canadien et le ministère de la pêche doivent collaborer avec la nation mi'kmaq pour mieux comprendre le traité et ce que l'on entend par "mode de vie modéré et durable".

Risque de durabilité

Le homard étant une prise très lucrative dans la baie de Fundy, l'agitation des pêcheurs commerciaux non autochtones s'explique en grande partie par le fait qu'ils estiment que la pêche au homard en dehors de la saison est un risque pour les efforts de conservation. Un pêcheur a déclaré à CBC News : "C'est la période de l'année où les homards sont vulnérables et (les Sipekne'katik) les prennent au moment où ils se reproduisent". Cet argument est avancé par de nombreux pêcheurs commerciaux, malgré la taille relativement modeste de l'opération de pêche du peuple Sipekne'katik, puisque seulement 250 casiers à homards ont été posés, alors que des milliers de casiers sont posés chaque saison par les grands pêcheurs commerciaux.

Le Dr. Trappenberg a déclaré avoir eu une conversation avec la chaire de recherche canadienne sur la gestion des océans, Megan Bailey, qui a expliqué que les pièges à petite échelle posés par le peuple Sipekne'katik n'affecteront pas la conservation globale des populations de homards. 

"Megan Bailey indique clairement que les 250 pièges ne sont pas du tout préoccupés par la durabilité.

- Thomas Trappenberg, chef du parti vert de Nouvelle-Écosse

Toutefois, M. Trappenberg poursuit en affirmant que des inquiétudes subsistent quant à la durabilité du homard dans la région. Selon M. Trappenberg, des sociétés milliardaires, telles que Clearwater Seafood, exercent des activités gigantesques sans pratiquement aucun contrôle. "Clearwater Seafood n'est pas très réglementée. Il faut regarder ce qu'ils font". Il est vrai que Clearwater Seafood possède une licence pour une vaste zone privée de pêche au homard, située à 80 kilomètres au large de la Nouvelle-Écosse, où elle est autorisée à capturer jusqu'à 720 tonnes métriques de homard, une limite qui peut parfois être dépassée.

Ce qu'il faut faire

Selon le Dr Trappenberg, la première chose à faire est que la GRC fasse respecter la loi et l'ordre à ceux qui ont pris part aux activités criminelles dirigées contre les pêcheurs indigènes au cours des dernières semaines. Le ministère de la pêche doit ensuite prendre des mesures immédiates pour s'assurer que les droits issus des traités détenus par la tribu Sipekne'katik et tous les autres peuples Mi'kmaq sont, enfin, pleinement compris.

SOURCES :

https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/mi-kmaw-fishery-moderate-livelihood-megan-bailey-conservation-dalhousie-university-1.5734030

https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/clearwater-seafood-offshore-lobster-monopoly-investigation-1.4596922

Joshua Allan

Joshua Allan est originaire de Beamsville, en Ontario, et a obtenu son diplôme de l'Université Bishop's en juin 2020, après avoir étudié les langues étrangères et la politique. Son activité politique au sein de sa communauté comprend la défense des droits environnementaux lors de la marche des Vendredis de l'avenir à Sherbrooke, au Québec, en octobre 2019. Il s'intéresse à la politique canadienne et internationale, à la politique environnementale et aux droits des Autochtones.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je vous remercie d'avoir abordé cette question. Elle est très importante pour nous, en Nouvelle-Écosse, et les leçons sur le fait qu'un gouvernement néglige ses responsabilités sont une leçon pour nous tous. J'aimerais simplement mentionner que le traité pertinent pour la décision Marshall est celui de 1760/61, bien que le traité de 1752 soit en soi intéressant. C'est une histoire longue et alambiquée.

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