Photo par Rebecca Wood (Wikimedia Commons)

La chef du Parti vert du Canada, Annamie Paul, estime que les nouveaux objectifs climatiques du Canada ne permettent pas d'avoir un impact concret sur l'urgence climatique à un moment où le Canada devrait être le chef de file en matière d'intervention climatique

Où est l'ambition ?

Suite à l'annonce de Justin Trudeau sur les nouveaux objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) pour le Canada, Annamie Paul a été deçue par le manque d'ambition en ce qui concerne les nouveaux objectifs et la complaisance à être en retard sur les objectifs climatiques des autres leaders mondiaux.

À l'occasion du Jour de la Terre, le gouvernement libéral a annoncé que " le Canada améliorera son objectif de réduction des émissions en vertu de l'Accord de Paris - connu sous le nom de contribution déterminée au niveau national (CDN) - de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005, d'ici 2030. En tant que signataire de l'Accord de Paris, la CDN du Canada reflète son ambition la plus élevée possible à la lumière de sa situation nationale actuelle."

Pour Annamie Paul, ce nouvel objectif envoie le message que "[le gouvernement] ne cherche pas à faire du Canada un leader mondial dans la lutte contre l'urgence climatique, ni à construire l'économie verte compétitive de demain".

Des objectifs faibles

La nouvelle cible est une augmentation substantielle par rapport à la précédente cible de réduction des GES du Canada, qui avait été annoncée en 2016 lorsque le Canada a publié son premier plan d'action pour le climat, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. À l'époque, l'objectif était fixé à une réduction des émissions de GES de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030.

Porter l'objectif à 40-45 % peut sembler être une augmentation ambitieuse à première vue, mais Paul compare le nouvel objectif du Canada aux plans climatiques de ses partenaires internationaux : "L'Union européenne a adopté une loi sur le climat visant à réduire ses émissions de GES d'au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030 et à investir au moins 30 % de son budget à long terme de 1 800 milliards d'euros (2 200 milliards de dollars américains) dans des mesures liées au climat. Le Royaume-Uni a annoncé son intention de réduire ses émissions de GES de 78 % d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990, et les États-Unis ont annoncé leur intention de réduire leurs émissions de 50 à 52 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005."

L'augmentation de l'Union européenne dépassera largement son objectif précédent de 40 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030, tandis que l'objectif précédent du Royaume-Uni était fixé à une réduction de 68 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030.

En examinant l'écart entre le Canada et ses alliés internationaux, Paul déclare : "le nouvel objectif climatique de 40 à 45 % du Premier ministre Trudeau signale à la communauté internationale, et au peuple canadien, que son gouvernement n'a ni l'ambition ni la capacité d'égaler les objectifs de réduction des émissions de ses alliés les plus proches."

Besoin d'actions concrètes

La déclaration de Paul souligne la nécessité de s'éloigner des sources d'énergie non renouvelables qui sont au cœur de l'économie canadienne : "Alors même que nos alliés ont commencé à réduire progressivement leurs activités à forte intensité de carbone, notre gouvernement continue d'approuver de nouvelles explorations pétrolières, de construire de nouveaux pipelines et de subventionner la fracturation tout en se positionnant comme un champion du climat."

En éliminant la dépendance du Canada à l'égard de l'économie des combustibles fossiles tout en s'engageant à atteindre des objectifs de réduction des GES plus ambitieux, le Canada deviendrait le chef de file en matière de climat qu'il doit être, et non comme celui qu'il veut être dépeint. En ce qui concerne les objectifs appropriés, Paul croit qu'une "réduction de 60 % des émissions de GES par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2030, avec des objectifs clairs et des échéanciers" serait adéquate, conformément aux recommandations du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), un groupe de travail des Nations Unies sur l'action climatique. Cet objectif contribuerait efficacement à réduire l'augmentation de la température à moins de 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.

Cet effort implique une transformation de l'économie canadienne en une économie verte axée sur la croissance propre. Annamie Paul affirme que le Parti vert a un plan pour opérer efficacement ce changement : "Nous sommes le seul parti fédéral qui s'engage à mettre fin à la construction de nouveaux pipelines, à la fracturation et aux projets d'exploration pétrolière et gazière et à utiliser plutôt ces fonds pour investir dans les infrastructures et les secteurs verts qui créeront des emplois bien rémunérés et dont la valeur est estimée à plus de 3 000 milliards de dollars américains à l'échelle mondiale d'ici 2030."

Selon Mme Paul, le Canada est prêt pour ce changement, il ne lui manque que l'ambition et la volonté politique, et elle croit bien que le parti vert peut apporter un facteur déterminant à l'équation.

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