Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, lors d'une réunion du Conseil des ministres, a exigé la suspension de tous les contrats " douteux " en matière de concessions forestières. Il a demandé à sa ministre de l'Environnement, Eve Bazaïba, d'en dresser la liste et de la présenter au prochain conseil des ministres.
La mesure a été saluée par les écologistes de la RDC qui estiment que cette décision marque un pas dans la bonne direction dans le cadre de la protection de la nature.
Rien qu'en 2020, 4 millions 600 hectares de forêt congolaise ont été frauduleusement vendus, selon Radio France internationale (RFI), qui cite les ONG. Permis d'exploitation déguisés en contrat de sauvegarde ou concessions accordées sans respect des procédures.
" D'abord, le fait même que cette question puisse être à l'ordre du jour est une première. Nous accueillons donc très favorablement cette décision, d'autant plus que nous avions adressé des appels au ministre de l'Environnement - qui n'a pas du tout réagi - que le président a reçu et qui a dû éveiller son attention sur ces questions " a déclaré Augustin Mpoyi conseiller juridique de la CODELT, qui a rappelé que la demande du président de suspendre les contrats douteux dans l'attente d'un audit plus large est un signal d'espoir.
Alors que le Royaume-Uni accueille la 26e Conférence de Glasgow sur le changement climatique (COP26), tous les regards sont tournés vers la forêt du bassin du Congo, qui est le deuxième poumon vert de la planète après le bassin amazonien. Face au réchauffement climatique, la RDC veut se positionner comme un pays de solution.
Mais Irène Wabiwa Betoko de Greenpeace Afrique met en garde : il ne peut pas y avoir en même temps - un état des lieux et la fin du moratoire sur les nouveaux titres forestiers, comme annoncé en juillet.
" L'industrie forestière n'est pas maîtrisée actuellement. Il est inconcevable de penser à étendre cette même industrie à plus de trente millions, cinquante millions - ça dépend - en levant le moratoire ! Il faut d'abord commencer à bien gérer ce qui existe, avant de commencer à étendre ces mêmes espaces ".
La cheffe de Projet International de la Forêt du Bassin du Congo de Greenpeace Afrique encourage le Chef de l'Etat à rester vigilant et à veiller à l'exécution et à la mise en œuvre effective de cette décision par la Vice-Premier Ministre. Elle a précisé que " la décision de Son Excellence le Président Tshisekedi contre les actions illégales de l'ancien ministre Nyamugabo envoie un message important au peuple congolais et à son gouvernement. C'est aussi un feu rouge pour le projet de Mme Ève Bazaiba, actuelle ministre de l'Environnement d'ouvrir une autoroute à la déforestation par les prédateurs des forêts congolaises en levant le moratoire sur les nouvelles concessions industrielles. "
Greenpeace Afrique réitère son appel au maintien du moratoire sur les nouvelles concessions forestières industrielles afin d'éviter les catastrophes sociales et climatiques que l'expansion de l'industrie forestière provoquerait.