Sarah Gabriel Barron, ancienne candidate à la direction du Parti vert du Canada en 2022, s'en est pris à Alex Tyrrell et Dimitri Lascaris, deux éminents militants anti-guerre de gauche, les accusant de diffuser la "propagande de Poutine" et de "célébrer la mort des Ukrainiens". Ses commentaires, publiés sur les médias sociaux, déforment leurs positions et font écho à la rhétorique utilisée pour faire taire ceux qui s'opposent à l'escalade militaire continue de l'OTAN.
Déformation de la position anti-guerre
La déclaration de Mme Barron est un exemple classique d'attaque de mauvaise foi contre ceux qui prônent la diplomatie plutôt que la guerre. Elle prétend à tort que Tyrrell et Lascaris croient que tous les Ukrainiens sont des nazis et qu'ils célèbrent la mort d'Ukrainiens. Ces accusations sont non seulement inexactes, mais aussi incendiaires, conçues pour mettre fin à un débat légitime plutôt que de s'attaquer aux problèmes soulevés.
Tyrrell et Lascaris ont toujours plaidé en faveur des négociations de paix et de la diplomatie, mettant en garde contre les dangers d'une guerre prolongée et d'une escalade militaire. Tous deux ont déclaré que les Ukrainiens étaient utilisés comme chair à canon dans la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie. Ils ont également souligné l'inconfortable réalité selon laquelle certains éléments de l'establishment militaire et politique ukrainien ont des liens avec des groupes ultranationalistes d'extrême droite, un fait bien documenté et même reconnu par les principaux médias occidentaux.
La suggestion de Mme Barron selon laquelle le simple fait de reconnaître ces faits équivaut à "célébrer la mort des Ukrainiens" est une déformation grossière de la réalité. Au lieu de répondre aux préoccupations concernant le rôle de l'OTAN dans le conflit ou les conséquences de l'escalade militaire en cours, elle a recours aux attaques personnelles et à la manipulation émotionnelle.
Mme Baron a jusqu'à présent refusé de s'excuser ou de revenir sur ses propos controversés.
Ignorer le bilan controversé de Mme Freeland
La défense par Mme Barron de Chrystia Freeland, dont les liens familiaux avec des collaborateurs nazis sont bien documentés et qui a publiquement soutenu des nationalistes ukrainiens d'extrême droite, est particulièrement frappante. Elle insiste sur le fait que "Freeland n'est pas une néo-nazie", tout en ignorant les antécédents troublants de la codirigeante du Parti vert en matière de promotion du nationalisme ukrainien, en balayant les préoccupations concernant le rôle de son grand-père en tant que rédacteur en chef d'un journal de propagande nazie et en applaudissant un ancien membre d'une unité nazie au sein du Parlement.
Plutôt que de s'engager dans une discussion honnête sur le bilan politique de Mme Freeland, M. Barron choisit d'attaquer ceux qui soulèvent des préoccupations, les accusant de prendre parti pour la dictature et le génocide. Ce type de rhétorique est conçu pour détourner l'attention des vérités gênantes plutôt que de les réfuter.
Un modèle de réduction au silence de la dissidence
L'aspect le plus troublant des commentaires de M. Barron est qu'ils reflètent la tendance générale à supprimer toute dissidence sur la guerre en Ukraine. Au Canada et dans une grande partie du monde occidental, ceux qui plaident en faveur de pourparlers de paix ou critiquent le rôle de l'OTAN dans la prolongation de la guerre sont qualifiés de "pro-Poutine" ou de "propagandistes du Kremlin", même lorsque leurs positions sont fondées sur un contexte historique et des préoccupations géopolitiques bien établies.
L'attaque de Mme Barron suit parfaitement ce scénario. Au lieu de s'attaquer aux arguments de Tyrrell et de Lascaris sur la nécessité des négociations de paix, elle tente de les salir en les qualifiant d'apologistes des crimes de guerre, une affirmation qui n'a aucun fondement dans la réalité.
Quelle est la position du parti vert ?
Il reste à voir si le Parti vert du Canada se distanciera des commentaires incendiaires de M. Barron ou s'il continuera à tolérer ce type de discours. Sous la direction d'Elizabeth May et de Jonathan Pedneault, le parti s'est fortement orienté vers le militarisme, en soutenant l'augmentation des dépenses militaires et en adoptant une position agressive à l'égard de la Russie.
En permettant à des personnalités comme Barron de qualifier les voix anti-guerre d'extrémistes, le Parti Vert risque de s'aliéner les progressistes et les pacifistes qui constituaient autrefois le cœur de son soutien. Si le parti valorise encore la diplomatie et le dialogue, il doit rejeter les tactiques de dénigrement et la rhétorique de division que Barron a mises en avant.
À une époque où le besoin de paix et de désescalade n'a jamais été aussi grand, s'en prendre à ceux qui prônent la diplomatie n'est pas seulement malhonnête, c'est dangereux.
Baron a terminé en dernière position dans la course à la direction du Parti Vert du Canada avec 4% des voix.