Ce mercredi 7 décembre s’ouvre à Montréal, au Canada, la 15e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB) de l’ONU, dite COP15, consacrée à la préservation de la biodiversité. Ce sommet se tient avec deux ans de retard en raison de la pandémie de COVID-19 et de l’incertitude de parvenir à une issue favorable.
L’événement devrait donner aux gouvernements les moyens d’agir pour lutter contre la crise de la biodiversité. Mais de nombreux points restent à discuter, et trouver un accord s’annonce compliqué.
Après avoir affiché leurs divisions lors de la COP27 sur le climat, dont le texte final a déçu l’Union européenne (UE) et les Nations unies (ONU), les représentants du monde auront deux semaines pour aplanir leurs divergences pour entamer un parcours historique capable de la sauvegarde de la nature d’ici 2030.
Les observateurs espèrent que l’accord final sera l’équivalent pour la biodiversité de l’accord de Paris sur le climat, alors que la communauté internationale n’a pas réussi, au cours de la décennie brisée, à tenir ses engagements pris à Aichi, au Japon, en 2010.
« Le déclin de la biodiversité atteint actuellement un niveau sans précédent dans l’histoire. Nous estimons que 90% des écosystèmes ont été impactés jusqu’à présent et plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction », a récemment déclaré la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB), Elizabeth Maruma Mrema.
Elle a souhaité voir aboutir les négociations des 196 membres de la CDB (195 Etats et l’Union européenne, sans les Etats-Unis). « Ce ne sera pas facile. Cela demandera beaucoup de travail et d’engagement, mais le cadre mondial de protection de la biodiversité est crucial pour assurer l’avenir de l’humanité sur la planète », a-t-elle soutenu.
Les États doivent également convenir des moyens de restaurer les écosystèmes dégradés par l’activité humaine, d’endiguer la pollution plastique et de réduire le risque d’espèces envahissantes dans le monde.
Les pourparlers de Montréal permettront également de progresser sur la réduction des subventions aux projets nuisibles à la biodiversité, a déclaré jeudi le secrétaire exécutif adjoint de la CDB, David Cooper. « La plupart des gouvernements paient beaucoup plus de subventions destructrices de la nature que de subventions de conservation. Il sera essentiel de changer cela. »
Aucun chef d’État ou de gouvernement n’assistera à la conférence
Le chef de la Convention sur la diversité biologique (CDB) souligne qu’aucun chef d’État ou de gouvernement ne prend part à la conférence de l’ONU sur la biodiversité.
La Chine, qui préside la conférence, n’a invité que des ministres et des dirigeants d’ONG à y assister. De quoi alimenter la crainte des observateurs d’un échec des négociations pourtant cruciales pour la sauvegarde de la planète.
Elizabeth Maruma Mrema a insisté sur le fait qu’elle n’était “pas du tout inquiète” de la conclusion d’un accord tout en renouvelant son appel à des promesses ambitieuses de la part des nations. “Il sera important d’avoir un cadre cohérent, pas un cadre sur papier sans ambition, sans innovation, sans transformation”, juste bon “pour décorer nos étagères”.
L’objectif le plus important est de protéger 30 % des terres et des mers. Plus d’une centaine de pays, dont des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union européenne, infestent la cible.
Reboisement, restauration des milieux naturels, réduction des pesticides, lutte contre les espèces envahissantes, pêche durable, agriculture… sont également au programme.
Pour y parvenir, l’argent reste une question brûlante. Le Brésil, soutenu par 22 pays dont l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Cameroun et l’Indonésie, a appelé les États riches à fournir “au moins 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030” aux pays en développement. Mais les Européens hésitent à créer un énième fonds.