Les nouvelles des violences et du harcèlement des populations indigènes et de leurs biens par des pêcheurs commerciaux mécontents dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse ont beaucoup attiré l’attention nationale au cours des dernières semaines, et selon le chef du Parti vert de la Nouvelle-Écosse, le Dr Thomas Trappenberg, c’est l’échec du gouvernement au cours de décennies de négligence qui est à blâmer.
Contexte
La controverse a commencé lorsqu’un petit groupe de pêcheurs de la nation Sipekne’katik, qui fait partie du grand peuple Mi’kmaq, a installé des centaines de casiers à homards autour de la baie de Fundy au début de ce mois. Cette action a attiré l’attention des pêcheurs commerciaux locaux, non indigènes, car elle a été menée bien avant le début de la saison légale de pêche au homard.
La baie de Fundy est considérée comme la zone la plus riche pour la pêche au homard au Canada, avec des pêcheurs commerciaux qui engrangent une valeur d’environ 493 millions de dollars en 2016, selon la CBC. Cependant, cette pêche, bien qu’elle soit pratiquée en dehors de la saison légale, est un exercice des droits de la nation Sipekne’katik, prévus par le traité.
Cela a conduit à des manifestations amères et à des affrontements au cours des dernières semaines entre les pêcheurs indigènes et non indigènes. Ces protestations ont été le théâtre de divers actes de violence et de vandalisme, notamment le sabotage de casiers à homards indigènes et l’incendie de la camionnette d’un homme de Sipekne’katik.
Réponse du Parti Vert de la Nouvelle-Écosse
Après les premiers actes de violence et de vandalisme, c’est le parti des Verts qui a été le premier parti politique à publier un communiqué de presse, condamnant l’activité criminelle qui s’était produite.
Le chef du Parti Vert de la Nouvelle-Écosse, le Dr Thomas Trappenberg, s’est prononcé sur la nécessité pour le gouvernement du Canada de prendre des mesures contre les manifestants violents, ainsi que d’établir un dialogue avec la tribu des Sipekne’katik. Le Dr. Trappenberg a exprimé aux médias la nécessité pour la GRC locale d’intervenir et de ne pas laisser les civils prendre la loi entre leurs mains. Lors d’une interview avec une personnalité de la radio, Rick Howe, le Dr Trappenberg a posé la question suivante : “Que faisait la police lorsque des pyromanes et une foule violente détruisaient des propriétés privées et mettaient la vie d’un homme en danger ? Nous savons qu’ils étaient présents, mais aucune accusation n’a été portée”.
Une interview a été réalisée avec le Dr Trappenberg, qui a donné son avis sur la nécessité d’une plus grande clarté dans les traités accordant aux peuples indigènes leur droit de pêche, ainsi que d’une meilleure compréhension des préoccupations en matière de durabilité.
Le droit à un mode de vie durable
Une partie de la controverse entourant ce différend est liée au fait que depuis la signature du traité de 1752, suivi de la décision Marshall de 1999, le peuple Mi’kmaq des Maritimes canadiennes a le droit de chasser et de pêcher pour ce que l’on appelle un “mode de vie modéré et durable”, un droit qui peut être exercé à tout moment de l’année. Toutefois, ce n’est que récemment que les Sipekne’katik ont exercé ce droit, s’aventurant à pêcher le homard avant le début de la saison commerciale. Le chef des Sipekne’katik, Mike Sack, a déclaré à CBC News : “C’est une question d’économie… nos gens n’ont que ces petits bateaux de 20 pieds. Les bateaux commerciaux sont des bateaux à un million de dollars…(nous) ne pouvons pas être compétitifs”.
Le traité a également peu à offrir pour déterminer ce qui constitue un “mode de vie modéré et durable”. Le Dr Trappenberg déclare que “depuis 21 ans, il n’a pas été précisé ce que signifie “mode de vie modéré””. Depuis l’arrêt Marshall de 1999, les Mi’kmaq demandent au ministère canadien des pêches (MPO) ce qu’il entend par sa décision, sans résultat. Le Dr Trappenberg poursuit en disant : “Les Mi’kmaq ont été très patients en ne la mettant pas en œuvre, et en demandant encore et encore comment elle devrait être mise en œuvre, et ce que le MPO (ministère de la pêche) attend… Ce conflit a été purement provoqué par ce gouvernement, par le MPO”. Le Dr Trappenberg, qui a étudié cette question avec les anciens autochtones, soutient que le Parti vert de la Nouvelle-Écosse estime que le gouvernement canadien et le ministère des pêches doivent collaborer avec la nation Mi’kmaq pour mieux faire comprendre le traité et ce qui constitue un “mode de vie modéré et durable”.
Risque de durabilité
Le homard étant une prise si lucrative dans la baie de Fundy, une grande partie de l’agitation des pêcheurs commerciaux non indigènes est due à la croyance que la pêche au homard hors saison est un risque pour les efforts de conservation. Un pêcheur a déclaré à CBC News : “C’est la période de l’année où les homards sont vulnérables, et (le peuple Sipekne’katik) les prend lorsqu’ils se reproduisent”. Cet argument est avancé par de nombreux pêcheurs commerciaux, malgré la taille relativement petite des opérations de pêche du peuple Sipekne’katik, puisque seulement 250 casiers à homards environ ont été posés, contre les milliers qui sont posés chaque saison par les grands pêcheurs commerciaux.
Le Dr Trappenberg a déclaré avoir eu une conversation avec la chaire de recherche canadienne pour la gestion des océans, Megan Bailey, qui a expliqué que les pièges à petite échelle mis en place par le peuple Sipekne’katik n’affecteront pas la conservation des populations de homards.
“MEGAN BAILEY DIT TRÈS CLAIREMENT QUE LES 250 PIÈGES NE SONT PAS DU TOUT CONCERNÉS PAR LA DURABILITÉ”
– Dr. Thomas Trappenberg, Chef du Parti Vert de la Nouvelle-Écosse
Toutefois, le Dr Trappenberg poursuit en déclarant que des inquiétudes persistent quant à la durabilité du homard dans la région. Selon M. Trappenberg, des sociétés multimilliardaires, telles que Clearwater Seafood, mènent d’énormes opérations, sans pratiquement aucune surveillance. “Elles (Clearwater Seafood) ne sont pas très réglementées. Il faut voir ce qu’elles font”. Il est vrai que Clearwater Seafood a une licence pour une grande pêcherie privée de homards, située à 80 kilomètres au large de la Nouvelle-Écosse, où elle est autorisée à capturer jusqu’à 720 tonnes métriques de homards, une limite qui peut aussi être dépassée parfois.
Ce qui doit être fait
Selon le Dr Trappenberg, la première chose à faire est que la GRC fasse respecter la loi et l’ordre pour ceux qui ont pris part à des activités criminelles visant les pêcheurs indigènes au cours des dernières semaines. Cela doit être suivi d’une action immédiate du ministère de la pêche pour s’assurer que les droits issus des traités détenus par la tribu des Sipekne’katik et tous les autres peuples Mi’kmaq sont enfin pleinement compris.
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