Des milliers de bouteilles, canettes et autres détritus jetés dans le lac ont provoqué la mise à l’arrêt des installations du barrage de la Ruzizi près de la ville de Bukavu, entrainant ainsi des coupures d’électricité dans plusieurs localités.
« L’impact est énorme, nous avons un déficit de 6,3 mégawatts (MW) sur un total de 30 MW que nous devons produire, non seulement pour la province du Sud-Kivu, mais aussi pour la province voisine du Nord-Kivu et le Burundi. », a déclaré Liévin Chizungu, responsable de production à l’usine Ruzizi 1, à une équipe de l’Agence France Presse (AFP).
Un responsable de la compagnie nationale d’électricité (SNEL) indique qu’il y a également une autre panne de générateur à la centrale électrique de Ruzizi II, à environ 25 kilomètres au sud de Bukavu, également causée par la pollution, qui entraîne un déficit de 20 MW sur le réseau de distribution.
Les populations locales des communes riveraines du vaste lac sont responsables de cette situation, qui dure depuis le début de l’année 2022. La pollution causée par les ordures qu’elles jettent dans le lac pendant la nuit endommage la centrale électrique et finit par provoquer de fréquentes coupures de courant. .
” Il n’y a aucun moyen de gérer les ordures ménagères. Nos maisons sont collées sur de petites parcelles, je n’ai pas d’autre choix que de les jeter dans la rivière Kawa qui surplombe le lac“, justifie une habitante du lac, Mathilde Binja, femme au foyer.
Il est extrêmement difficile de nettoyer les milliers de bouteilles en plastique et autres débris qui sont attirés par le barrage de la Ruzizi au bout du lac, qui s’étend sur 90 km à la frontière entre la RDC et le Rwanda.
« Tous les déchets que nous jetons dans le lac ou la rivière finissent ici, peu importe où ils ont été jetés. Même à Goma, les déchets qui y sont déversés ne sont qu’une question de temps. Au fur et à mesure que le lac coule vers la rivière Ruzizi, petit à petit, les déchets arrivent et à la fin, ils finiront ici », note Liévin Chizungu.
Selon le responsable de production de l’usine de Ruzizi 1, ces déchets sont entassés dans les installations « à 14 mètres de profondeur ».
Des opérations de nettoyage sont effectuées régulièrement, avec l’aide de bateaux en surface pour éviter un arrêt définitif des turbines. Et les plongeurs vont ramasser les déchets jusqu’à 14 mètres au fond du lac.
Les autorités provinciales tentent de sensibiliser la population pour leur montrer que le lac ou les cours d’eau environnants ne sont pas l’endroit pour déverser des déchets. “Garder l’environnement du lac Kivu sain contribuera à réduire la pollution et à préserver la distribution d’électricité”.
A noter que la ville de Nairobi au Kenya a accueilli début mars 2022 une conférence au cours de laquelle les Nations unies ont lancé des négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique, un fléau qui menace l’environnement et contribue à la perte de biodiversité.