Un projet d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL) fracturé, via le port de Cork, en Irlande, a été arrêté.
En réponse à la question parlementaire du TD Verte (équivalent du député) Neasa Hourigan, Eamon Ryan, chef du Parti Vert et ministre de l'Environnement et des Transports, confirme :
"Alors que l'Irlande se dirige vers la neutralité carbone, il n'est pas logique de développer des terminaux GNL qui importent du gaz fracturé. Le programme du gouvernement est clair : le gouvernement ne soutient pas l'importation de gaz fracturé et s'engage à élaborer une déclaration politique pour établir cette approche".
Le protocole d'accord entre la société du port de Cork et la société américaine de GNL Next Decade ne sera pas renouvelé. Cela met effectivement fin à tout projet de construction d'infrastructures de terminaux d'importation de GNL, après les nombreux obstacles à la motion du Parti vert au niveau du conseil municipal en 2019.
Cette victoire pour les habitants se produit dans le contexte de l'accord économique et commercial global (l'AECG) qui a été déposé devant l'assemblée législative irlandaise il y a quelques semaines. Après que de nombreux députés verts ont tenu tête à l'opposition, le vote a été reporté à la fin du mois de janvier.
L'accord économique et commercial global, un accord commercial majeur entre le Canada et l'Europe, comprend des dispositions spéciales permettant aux sociétés de poursuivre les États pour des lois ou des règlements dont une société estime qu'ils lui coûtent de l'argent ou peuvent avoir une incidence sur ses bénéfices futurs.
Au niveau mondial, plus de la moitié de ces affaires contestent les règles des États en matière de protection de l'environnement, et environ deux tiers de ces affaires ont été remportées par des sociétés ou se terminent par une forme de règlement.
Ce que de nombreuses organisations environnementales en Irlande craignent avec le CETA, et avec les mécanismes de règlement des différends investisseur-État (RDIE) en général, c'est la quantité de pouvoir qu'elles donnent aux sociétés étrangères (dans ce cas, canadiennes) sur le gouvernement.
Certains s'inquiètent de l'impact que l'AECG aura sur le prochain "Green Deal" dans l'UE.
Dans un entretien avec TheJournal.ie, la TD Neasa Hourigan déclare : "C'est une position extraordinaire à prendre, étant donné qu'il n'y a absolument aucune pression temporelle sur la décision de l'AECG. Il y a une contestation constitutionnelle en Allemagne. Chypre l'a également contestée, et les Verts néerlandais l'ont récemment bloquée".
En 2017, le leader du Parti Vert Eamon Ryan s'est exprimé publiquement contre l'AECG, déclarant qu'elle était construite autour des intérêts des grands lobbyistes d'entreprise plutôt que de l'intérêt public.
Plus récemment, en 2020, Ryan a changé de position sur la question. Après avoir conduit le parti dans un gouvernement de coalition avec les partis de centre-droit Fine Gael et Fianna Fáil, le chef du parti des Verts a été critiqué à plusieurs reprises pour s'être rangé du côté de l'establishment de droite.
Suite à la divergence des positions sur la question, les deux tiers des conseillers élus du Parti Vert ont voté pour que le parti organise une convention nationale sur l'AECG. Toutefois, la ratification de l'accord commercial devrait être réexaminée dans l'Oireachtas dans le courant du mois.
Plus sur le projet GNL de Cork :
https://www.irishexaminer.com/news/munster/arid-40207001.html
Plus sur l'AECG :
https://www.antaisce.org/news/ceta-vote-imperils-irish-climate-and-nature-action
https://www.thejournal.ie/neasa-hourigan-ceta-green-party-5300456-Dec2020/