Au cours des dernières semaines, des Canadiens de tous horizons ont été horrifiés par la découverte des restes de 1323 enfants dans des tombes non marquées à l’extérieur d’anciens pensionnats autochtones. Ces enfants ont été arrachés de force à leurs parents et à leurs communautés par le gouvernement canadien dans le cadre d’un plan génocidaire visant à éliminer les communautés autochtones, leur culture, leurs traditions, leurs langues, leur identité et leur société. 

Ces soi-disant écoles étaient gérées par l’Église catholique, qui les avait délibérément dotées d’abuseurs d’enfants, de pédophiles et de meurtriers, protégés par le gouvernement canadien, la police et l’Église, qui étaient tous parfaitement conscients des abus qu’ils perpétuaient.

Dans le cadre de mon engagement au sein du Parti Vert, ainsi que des mouvements pour l’environnement et la justice sociale, j’ai eu la chance de m’asseoir avec des survivants de ces “écoles” et d’entendre leurs histoires de première main- une expérience que tout colon canadien devrait avoir. Ils m’ont parlé de violences traumatisantes. Une femme m’a raconté qu’ils lui avaient fracturé le crâne. D’autres m’ont parlé d’abus sexuels, de la disparition soudaine de leurs amis, de leur enlèvement par le gouvernement canadien alors que leurs parents étaient menacés de prison s’ils tentaient de résister en refusant de remettre leurs enfants. Le traumatisme subi dans les pensionnats est multigénérationnel. Les enfants des survivants des pensionnats se sont retrouvés avec des parents qui ont été élevés sans parents et pour qui la parentalité était assurée par des abuseurs d’enfants violents, génocidaires et soutenus par l’État, qui pouvaient littéralement les tuer à tout moment sans conséquences. De nombreux enfants ne sont jamais rentrés chez eux et ces tombes non marquées ne sont que la pointe de l’iceberg de mort dont la société canadienne doit maintenant composer. 

Ce qui s’est passé dans ces écoles ne figure pas dans nos cours scolaires modernes. Les livres d’histoire que nous donnons à nos enfants racontent une histoire fictive basée sur la “découverte” de cette terre par les Européens, comme si elle n’avait pas été volée et conquise violemment à la population autochtone. L’idée de la responsabilité collective pour ce génocide est tellement éloignée de ce que nos enfants apprennent, que cela me dégoûte. La grande majorité des recommandations du rapport Vérité et Réconciliation, de la commission Viens, de l’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées n’ont toujours pas été mises en œuvre. Tout cela alors que notre Premier ministre aux discours progressistes n’a même pas encore fourni aux communautés autochtones un des éléments les plus fondamentaux de la vie : l’eau potable. Il parle de réconciliation tout en maintenant le racisme systémique envers les peuples autochtones, en volant leurs terres, en retenant leur eau potable et en les combattant devant les tribunaux. 

Si certains Canadiens sont conscients du génocide en cours dans notre pays, les masses ont été déconcertées par des manuels d’histoire trompeurs, une couverture médiatique biaisée, des stéréotypes raciaux et de fausses promesses de réconciliation faites par nos gouvernements. Sans une meilleure éducation et une meilleure compréhension de ces questions, il sera impossible de mettre fin à ces pratiques génocidaires. Le même système qui a volé ces enfants agit sur nous aujourd’hui- en maintenant les Canadiens dans l’ignorance de ce qui s’est passé et de ce qui continue à se passer. Nous avons tous été manipulés pour croire au grand mythe canadien selon lequel cette terre a été découverte par les Européens et que nos actions envers les peuples autochtones n’étaient pas et ne sont pas génocidaires. 

Même si la couverture médiatique des tombes non marquées a amené certaines personnes à s’informer sur ces questions, il reste encore beaucoup à faire. Nous devons retourner les terres. Nous devons sortir tous les autochtones de la pauvreté. Nous devons mettre en œuvre les recommandations des multiples rapports qui ont été produits en partenariat avec les communautés indigènes. Nous avons besoin d’une stratégie nationale pour informer le public canadien sur le génocide et la réalité actuelle du racisme systémique. L’annulation de la Fête du Canada est un premier pas dans la bonne direction, mais nous devons aller beaucoup plus loin si nous voulons renverser ce modèle d’abus continu. Nous devrons en faire une priorité quotidienne. Nous devons faire notre deuil avec les communautés autochtones tout en prenant des mesures pour mettre fin à ce régime brutal. 

Alex Tyrrell

Alex Tyrrell est le fondateur de Global Green News et le chef du Parti vert du Québec. Il est un écosocialiste et un politicien pro-paix qui a été en première ligne des mouvements pour l'environnement et la justice sociale au Québec et au Canada. Basé à Montréal, il est titulaire d'un diplôme en sciences de l'environnement de l'Université Concordia.

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